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Un petit entretien avec Frère Phap Linh

8 Avril 2016

Un petit entretien avec Frère Phap Linh

Comment t'appelles-tu?

Je m'appelle Frère Phap Linh.

Quel âge as-tu?

J'ai 37 ans.

Quand et où as-tu été ordonné?

J'ai reçu l'ordination en février 2008, au Village des Pruniers.

Et où habites-tu actuellement?

Au Village des Pruniers, Hameau du Haut.

Que signifie pour toi recevoir la lampe?

Ça ne change pas grand chose. Il faut que je continue à pratiquer comme avant, et même plus. Ma gratitude pour la transmission et la confiance de la Sangha est immense, mais Thay nous a dit plusieurs fois que la transmission se fait a chaque instant, pas juste dans une cérémonie - il ne faut pas attendre la lampe pour recevoir la transmission!

Quelle est la pratique de Thây que tu aimes le plus?

Depuis que j'ai rencontré Thây en 1999, je pratique principalement les 16 exercices de la respiration consciente. En fait, pendant très longtemps, je n’ai vraiment pratiqué que les 4 premiers et, depuis un ou deux ans, je pratique principalement les 8 premiers.
La pratique de ramener l'esprit vers le corps, d'être conscient des sensations dans le corps, dans le moment présent, cultiver la pleine conscience des mouvements du corps, c'est à peu près tout ce que je fais. Et c'est déjà beaucoup. C'est déjà bien assez difficile.

Qu'aimerais-tu dire aux amis de la Maison de l'Inspir?

Juste avant son A.V.C., Thây, pendant qu'il était déjà à l’hôpital, à Bordeaux, nous a expliqué que, en Vietnamien, il y a un terme spécial pour décrire la relation entre maître et disciple: tinh thay tro et c'est la même structure de mot que 'fraternité': tinh huynh de. Il a expliqué qu'il trouvait dommage qu'il n'existe pas de mot, en français ni en anglais, pour exprimer ce lien entre maitre et disciple. Il faudrait qu'il y aie un mot pour ça. Cette connexion est très importante.
On peut toujours cultiver cette connexion entre nous-même et le maître. C'est vraiment trouver le maître intérieur. Trouver Thây, et le Dharma en nous-même, parce que, quand on a cette conscience de la présence réelle de notre Maître et du Bouddha en nous-même, on ne peut pas continuer de la même façon—continuer à consommer, à haïr, à juger, ou à critiquer les autres. On ne peut pas faire ça quand on est vraiment conscient de Thay en nous, parce que on sait que ça lui fait mal.

Thây avait proposé un nouveau mot en anglais: 'Teacher-Studenthood'. Mais il n'était pas vraiment très satisfait! En français, on attend aussi un mot. Il nous reste à trouver ce mot. Nous n’avons pas de mot, mais la connexion, le lien entre maître et disciple, est réel.

C'est vraiment la chose la plus importante que Thay nous transmet: l'amour entre les membres de la Sangha, entre maître et disciple, frères et sœurs, amis et amies.

Depuis des centaines de vies, nous avons essayé la haine, la colère, la discrimination, la violence et les jugements - on a vraiment essayé, plusieurs fois, dans nos familles, dans nos sociétés, entre les nations, et ça n'a pas marché—ça n’a vraiment pas marché du tout!

Peut-être que l'on pourrait essayer l’amour maintenant?

Peut-être que c’est le moment d’essayer.

Voici le gatha (petit poème) de la vision profonde qu'a écrit Frère Phap Linh pour sa transmission de la lampe:

Arrivant sur cette planète,
Je vois les nuages qui voilent et dévoilent

Un immense ciel, libre de notions,

d'un noir brillant, parsemé d'étoiles

Je prends refuge dans mon souffle
Je prends refuge dans ce moment
Et humblement supplie d'être à tout jamais
Étudiant de l'instant
Apprenant à me réjouir de cette vague déferlante du présent
Sans peur, sans retenue
Car je ne suis pas que cette vague,
Je suis l'eau
Et mon cœur déborde

En mille ruisseaux de gratitude et d'amour.

Un petit entretien avec Frère Phap Linh
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