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Pleine Conscience du goût

7 Février 2018

Pleine Conscience du goût

En buvant mon thé

 

Dans l'interdépendance, tout est là déjà, rien à chercher.

Rien ne se crée, et rien ne se perd, tout se transforme.

Ainsi

En buvant mon thé

je bois l'eau du nuage,

je bois l'eau de la centrale de Fukushima,

l'eau du placenta qui me nourrit jadis,

l'eau des urines du Bouddha.

Je bois l'eau des comètes,

l'eau des origines,

l'eau que tu es,

l'eau que je suis.

 

 

Savourez

 

C’est le titre du livre co-écrit avec Thây qui a comme sous-titre « mangez et vivez en pleine conscience ».

Avec le goût nous abordons le cinquième de nos sens et qui n’est pas le dernier puisque les enseignements bouddhistes ajoutent un sixième sens : la conscience.

Le goût est un sens qui nous est très familier, nous l’exerçons plusieurs fois par jour. Toutes celles et tous ceux qui participent à des retraites ou à des journées dans la tradition du Village l’exercent, si possible en pleine conscience.

 

Quand prenons-nous le temps de savourer ? Et prenons-nous le temps de savourer ?

 

 

Manger est un acte habituel dans notre quotidien, indispensable pour nous maintenir en bonne santé et nous permettre de pleinement développer notre bodhicitta, notre esprit d’Eveil.

Quand nous prenons  le temps de contempler un aliment, d’en découvrir tous les aspects, la texture, l’odeur, le son, la couleur et la… saveur, nous expérimentons ainsi, ce que vraisemblablement nous savons déjà, que ce sens est en lien avec tous les autres sens.

 

 

 

Choisissons un aliment (orange, chocolat…) pour en explorer tous les aspects et revenir à la pleine conscience de cette interdépendance de nos sens. Nous pouvons pratiquer avec curiosité et créativité ; par exemple inverser le déroulement du repas et commencer par le dessert, essayer de manger avec la main malhabile ou avec des baguettes…et observer nos réactions.

Le goût est un sens qui nous met profondément en contact avec « j’aime » d’où le risque d’avidité et d’attachement et « je n’aime pas » d’où le risque d’aversion, de dégoût. Est-ce que savourer, tout en restant dans la modération, nous évite ces deux écueils ?

 

Le goût nous met en contact aussi avec nombre de nos conditionnements, avec notre culture, avec les plats faits par notre mère ou notre grand-mère, avec notre attitude face à des plats exotiques. Si nous sommes curieux des cuisines du monde, savourer devient alors une très concrète invitation au voyage. Manger en pleine conscience peut nous aider à toucher tout l’univers.

Vous pouvez voir au Village des calligraphies de Thay disant :

 

« Ce morceau de pain dans ma main contient tout le cosmos »

 

 

 

Thay et le Village nous proposent des pratiques très concrètes pour être en lien avec tout le cosmos, certaines vous sont peut-être déjà familières telles que :

 

- la récitation des cinq contemplations qui, en fonction de l’environnement, peut être formelle ou très discrète

 

-  la cérémonie du repas formel où Thây nous invite à pratiquer avec des gathas, nous vous en proposons quelques-uns ci-dessous, certains sont plutôt adaptés pour la communauté, mais nous pouvons nous en inspirer pour notre pratique personnelle ou en Sangha

 

Savourer, goûter, avoir du goût, sont des mots souvent employés dans un sens beaucoup plus large, dans un sens symbolique.

 

Thay conclut ainsi son ouvrage « Savourez » :

 

« Savourez le temps qui vous reste dans cette vie. Savourez chaque instant, chaque respiration, chaque repas, chaque relation, chaque action ou chaque non-action, chaque occasion de préserver vote bien-être et le bien-être de notre monde. Intégrez et pratiquez la pleine conscience dans votre vie afin qu’elle devienne une habitude, un mode de vie. Faites en sorte que d’autres se joignent à vous, que vous vous souteniez les uns les autres pour manger, travailler et vivre en pleine conscience tous ensemble. Vivre ainsi est le seul bien authentique que vous possédiez. C’est l’essence d’une vie pleine de sens, profondément satisfaisante. »

 

Quand nous n’avons plus besoin d’effort d’apprentissage pour certaines pratiques, nous pouvons être dans « l’effort sans effort » et savourer la pratique.

Savourer la marche, la respiration,… peut nous protéger d’une forme d’ennui qui apparaîtrait dans la répétition des pratiques.

Quand et comment pouvons-nous expérimenter de « savourer » comme Thay nous y invite et partager nos expériences avec les amis, amies de sangha ?

 

 

 

 

Ce sont quelques-unes parmi les nombreuses pistes sur les sens envisagées dans notre culture. Nous avons appris qu’il y a cinq sens, ce qui est remis en question par les découvertes actuelles de la science ; il y en aurait neuf ou plus ou moins suivant les classifications. N’ayons pas peur d’être curieux et gardons ces interrogations : est-ce que ce savoir  nous  permet de développer Smrti, Samadhi,et Prajna ?(Pleine Conscience, Concentration, Vision Profonde)

 

            Les cinq contemplations :

1* Cette nourriture, fruit du ciel, de la terre, de beaucoup de travail et d’amour, est un don de l’univers tout entier.
2* Recevons-la en Pleine Conscience, avec Amour et Gratitude afin d’en être dignes.
3* Reconnaissons et transformons nos états mentaux négatifs, notamment la gourmandise, afin d’apprendre à manger avec modération.
4* Puissions-nous maintenir notre compassion éveillée en mangeant de façon a réduire la souffrance des êtres vivants, à cesser de contribuer au changement climatique et à préserver notre planète.
5* Nous acceptons cette nourriture avec gratitude afin de pratiquer et de réaliser le chemin de la compréhension et de l’amour, de développer notre fraternité, de construire notre communauté et de nourrir notre idéal de servir tous les êtres vivants.

 

https://villagedespruniers.net/httpfr-villagedespruniers-pratiquesdepleineconscience/manger-avec-la-sangha/

 

            Extraits de « Cérémonie du cœur page 191 et suivantes :

 

1) Tenant mon bol

Le bol du Tathâgata

Entre mes mains.

Celui qui donne, celui qui reçoit et le don

Forment une unité parfaite

 

2) Prenant mon bol avant de me servir

Mon bol vide entre mes deux mains,

Je sais qu’aujourd’hui

J’aurai la chance

De le voir rempli.

 

3) Tenant mon bol plein de nourriture

Mon bol est plein maintenant,

J’y vois la présence de l’univers tout entier

Qui contribue à ma subsistance.

 

10) Prenant les quatre premières bouchées

À la première bouchée, j’offrirai la joie à autrui.

À la deuxième, je soulagerai la souffrance d’autrui.

À la troisième, je cultiverai la joie en moi.

À la quatrième, je m’entrainerai à aimer sans discrimination

 

11) Regardant mon bol vide à la fin du repas

J’ai fini mon bol

Ma faim est rassasiée.

Puissent toutes mes actions refléter

Ma gratitude envers tous les êtres

 

 

 

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